La faible représentativité des femmes à l'assemblée nationale burkinabè
Aux élections de 2015, le taux de représentativité des femmes était estimé à 10,23% tandis que 13 années en arrière, il était à 11,71%. On note alors une baisse considérable entre 2002 et 2015. Cette baisse montre que les femmes sont de moins en moins représentées à l’assemblée nationale burkinabè depuis la période post insurrection.
Pour une bonne équité entre les hommes et les femmes du monde politique, un quota de 30% est fixé en 2009 selon l'article 3 de la Loi N°10-2009/AN. Cette loi se veut que « toute liste de candidatures présentée par un parti politique devra comporter au moins 30% de candidatures au profit de l'un et de l'autre sexe ». Cependant, le taux de représentativité des femmes à l'hémicycle montre que l'objectif de ce quota est loin d'être une réalité. Quelles sont donc les raisons de ce faible taux ?
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Apercu du bureau de l'assemblée législative de Transition |
Crédit photo: Lefaso.net
La société africaine en générale et celle burkinabè en particulier, estime que femme est égale à foyer. Ce faisant, les représentations sociales estiment que les hommes sont faits pour les affaires politiques. La femme n'est donc pas habilitée à s'engager dans l'univers politique car incapable de prendre des décisions. Comme le disent Lydia Rouamba et Zakaria Soré dans "Leurre et malheurs du quota genre au Burkina Faso" : « Les femmes sont vues comme des êtres faibles, immatures, irrationnelles, devant passer après les hommes ». Cette description ternis non seulement l'image et la réputation de la femme mais contribue à un frein pour celle-ci de s'engager.
Les femmes n'occupent pas de poste de responsabilité. En effet, une infime partie de celles-ci sont placées en position d'être éligibles. Le rapport d'activités du parlement 2016, à ses pages 40-46 en termes de représentativité des femmes dans les postes de responsabilités des commissions de l'assemblée nationale du Burkina Faso sur la période de décembre 2015- décembre 2018, montre que sur les six commissions seulement deux étaient occupées par des femmes.
La religion n'est pas exempté. En effet, dans son article "femmes de devant", le leadership féminin affirme que la religion est également une raison des limites d'expression publique de la femme. Car « entre interprétation des dogmes religieux et de syncrétismes culturels, on constate une faiblesse des seules dispositions textuelles à favoriser le leadership féminin ».
Le pouvoir que la société a donné aux hommes a affaibli la femme l'empêchant ainsi d'élever sa voix dans l'espace public. Au Burkina Faso, lorsqu'une femme se dit émanciper, la société qualifie cette dernière de "gangster" d'où une femme qu'on ne doit pas épouser car pour elle, elle sera incapable de se soumettre à son mari.
Le harcèlement est aussi un pan. Le peu de femmes parvenant à s'intégrer dans le parlement ou toutes autres institutions politiques ou pas, sont victimes d'harcèlements. Elles sont souvent confrontées à des obstacles. Elles parfois obligées de faire des sacrifices ne dépendant pas de leur volonté surtout si celles veulent se faire accepter au milieu des hommes et gravir les échélons. L'impact que cela cause est que celles qui voulaient emprunter les pas des autres se rétractent de peur de subir le même sort.
Le manque de confiance est aussi un obstacle empêchant les femmes d’évoluer dans le milieu politique. Plusieurs femmes veulent s’engager mais ne se croient pas capables de braver certaines situations et prendre des décisions comme les hommes le font. Pourtant les droits de l’homme ont été voté pour appuyer de manière significative, directe ou indirecte à l’égalité des sexes.
Installation des députés de la transition en 2020
Crédit photo: Africanews
Le graphique ci-dessous montre l'évolution des femmes dans l'assemblée nationale au Burkina Faso de 1992 à 2022. En effet, de 1992 à 2012, on connait une évolution de 3,7% en 1992 à 18,90% en 2014. Il y avait donc une constante croissance. Mais en 2015, la représentativité des femmes étaient faibles car certains partis politiques n'ont pas respecté le quota des 30%. C'est le cas du Mouvement Pour le Peuple (MPP) et jusqu'aujourd'hui le nombre de femmes est toujours en baisse.
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